A mort Parcoursup ! Vraiment ???
- alicelibat
- 23 mai 2022
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 mai 2022
Dans quelques jours, dans les médias, Parcoursup va devenir comme chaque année l’ennemi public n°1 qu’il faut impérativement abattre.
On pourra lire partout que Parcoursup crée de l’injustice, sélectionne, broie les rêves de générations entières, est obscur, anxiogène, inhumain et j’en passe…
Alors c'est vrai, Parcoursup ce n’est pas le Graal, loin de là, mais peut-être qu’un voyage dans le passé et des clarifications sur cet algorithme diabolisé, permettraient de tordre le cou à l’idée reçue "c’était mieux avant ".
Et si pour une fois, au lieu de ne voir que le négatif et crier au carnage, on voyait aussi les côtés positifs, parce que oui il y en a. Ne serait-ce pas un bon début pour éviter de rajouter du stress inutile à nos jeunes ?

"C'était quand même mieux avant!"
En êtes-vous certains?
En tant que parents, nous sommes la génération 3614 RAVEL. Nous devions utiliser cet outil magique qu’était le Minitel, et qui laisse perplexe nos enfants quand ils en trouvent un dans le grenier de leurs grands-parents, pour faire une préinscription sur des formations universitaires. Ravel étant régulièrement saturé, il nous fallait parfois mettre un réveil à 3h du matin pour avoir une chance d’accéder au service. Que de bons souvenirs !
Mais préinscription ne voulait nullement dire place assurée. Il fallait donc, une fois le bac en poche, faire la queue et s’armer de patience devant l’université choisie pour espérer obtenir une place. Puisque la règle était "premier arrivé premier servi". Certains dormaient depuis la veille sur le trottoir pour espérer décrocher une place en médecine… Pour ajouter un peu de piment à la chose, les inscriptions dans les différentes universités se faisant bien souvent aux mêmes dates, il fallait choisir stratégiquement la bonne du premier coup.
En 2002, la plateforme APB (Admission Post Bac) a vu le jour. D’abord pour les candidats aux classes préparatoires et à quelques écoles d’ingénieur, puis a été généralisée au niveau national en 2009 avec quelques 12.000 formations proposées.
Les parents qui ont accompagné leur ado sur APB n’ont certainement pas oublié le triptyque oui définitif, oui mais, non mais qui a été à l’origine de beaucoup d’angoisses au moment des réponses. Mais avant cela il fallait saisir les vœux, et contrairement à Parcoursup, il fallait les classer par ordre de préférence dès le mois de mars. Une horreur ! On vous expliquait qu’il fallait classer ses vœux en fonction de ses préférences mais en même temps tenir compte de ses chances d’être admis dans ces formations. Il fallait donc faire preuve de stratégie de hiérarchisation sauf que vous n’aviez pas les règles du jeu… Un casse-tête terrible dont personne n’avait la solution. Quant à la phase d’admission elle se déroulait sur 3 dates, et vous deviez prendre votre décision sans connaitre vos chances d’obtenir un choix mieux classé. APB n’a convaincu personne.
En 2018, nouvel algorithme : Parcoursup. Les grands changements sont :
>Fin de la hiérarchisation des vœux, et ça c’est vraiment bien. Le jeune n’a plus à s’autocensurer et fera son choix sur des propositions d’admission et non plus sur d’éventuelles possibilités.
>Fin du tirage au sort pour les filières en tension (principalement STAPS, psycho, PASS anciennement PACES, et droit), mais classement des dossiers.
>Mise en place de quotas pour les bacheliers technologiques dans les BUT, ainsi que pour les boursiers dans toutes les formations publiques.
>De plus en plus de formations proposées.
>Réactualisation quotidienne des propositions d’admission, à partir du 2 juin, en fonction des places libérées par les autres candidats sur les listes d’attente.
On dit souvent que la sélectivité de Parcoursup est terrible. Mais c'est un abus de langage. La sélectivité est faite par les formations, non pas par l'algorithme. Parcoursup n'est qu'un outil qui sert d'intermédiaire : il affecte les candidats selon les classements faits par les établissements de formation. Sa seule "intervention" concerne les quotas.
Et pourtant le constat est là, les jeunes et leurs parents
vivent très mal cette période d’orientation.
Le stress généré par la procédure Parcoursup tient à plusieurs facteurs. En voici quelques-uns :
●Le jeune doit se pencher sur son orientation, avec une deadline précise, qu’on estime être toujours beaucoup trop proche. Parce que oui, à 17 ans ce n’est pas facile de savoir ce que l’on voudra faire plus tard et c’est stressant. Mais ça ne l’était déjà pas il y a 30 ans…
●Une offre de formations pléthorique, avec environ 19.000 formations proposées, réparties sur le territoire. En notre temps, nous n’avions bien souvent connaissance que de quelques formations autour de nous, et pour nous aider à élargir notre horizon nous avions à notre disposition Le Guide de l’Etudiant, assez indigeste il faut le dire. Aujourd’hui, tout ce choix visible en quelques clics est source de stress pour les jeunes.
●L’outil Parcoursup, avec tout ce qui se dit à son propos et la crainte de mal remplir une rubrique ou oublier de cocher une case, crispe tout le monde avant même d’y avoir touché. Il est vrai qu’à ses débuts c’était un peu délicat, mais la plateforme a gagné en clarté d’année en année et pose aujourd’hui moins de problèmes d’utilisation.
●La prise de conscience par le jeune et ses parents que la sélectivité des formations se fait sur le dossier de Première et les deux premiers trimestres de Terminale, et non pas sur les notes du bac. Cela n’a rien de nouveau, c’était déjà le cas avec APB. La réforme du bac, avec l’introduction du contrôle continu pour 40% de la note, devrait permettre une meilleure corrélation entre dossier Parcoursup et baccalauréat.
●Le jeune, n’ayant pas à classer ses vœux et donc à s’autocensurer, peut parfois demander des formations peu adaptées à son profil. Il y a dans ce cas de grandes chances pour que sa candidature soit refusée. Parcoursup, alors incriminé, n’y est pour rien.
●La pression sociale et la « dictature du bonheur » laissent entendre au jeune que son choix et son admission dans le « top 10 » sont déterminants pour son avenir.
●La phase d’admissions, avec les propositions, ou non, des formations est anxiogène. Il faut parfois attendre deux ou trois semaines avant de voir un « en attente » se transformer en « oui ». Chaque jour, le lycéen et ses parents se connectent avec un mélange d’espoir et d’appréhension à Parcoursup. C’est certain cela peut être une importante source de stress. Mais contrairement à APB, il est possible de se faire une idée des chances d’intégrer la formation en regardant son classement dans la liste d’appel et la comparer au classement du dernier appelé l’année précédente. Toutes ces données figurent dans le détail des réponses.
Cette année est la 5ième édition de Parcoursup, plateforme qui a dû s’adapter à la réforme du bac, et les difficultés de sa mise en place, et aux années Covid. Il y a encore des progrès à faire, notamment sur l’affichage des critères de sélection des établissements ou encore sur la distinction entre filière sélective et non sélective qui n’a plus lieu d’être puisque dans les faits toutes les formations sont plus ou moins sélectives.
Et si chaque année, de nombreux étudiants sont toujours sans proposition de formation à la fin juillet, c’est surtout dû à un manque criant de places dans certaines branches du Supérieur. Mais ceci est un tout autre débat.
Du stress, du stress et encore du stress… La cause, je pense, n’est pas à chercher du côté de Parcoursup mais bien de la problématique de l’orientation. Il y a énormément de pression sur les jeunes et leurs familles autour de ce sujet, beaucoup plus qu’il y a 30 ans. Nous, notre objectif premier était déjà d’avoir le bac, et après nous avisions. Aujourd’hui, on parle de l’orientation partout, trop souvent de façon anxiogène et parfois très tôt, voire trop tôt. Il faut trouver les bons mots et le bon timing, propre à chacun. Et ce n’est pas toujours évident…
Savoir accompagner sans pression et dans la bonne humeur,
un joli défi !







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